Norbert Razafimanantsoa, ferronnier professionnel, et père de famille de 39 ans, fait partie de ces courageux patrons qui essaient de garder la tête hors de l’eau en cette période difficile marquée par les perturbations à tous égards due au coronavirus. Cette maladie qui sévit dans le monde depuis presque quatre mois déjà.
Le coronavirus, le principal ennemi actuel de l’homme, si infime soit-il – même pas visible à l’oeil nu – entraine d’énormes préjudices dans son quotidien. Tous les domaines dont l’économie, sont touchés par cette pandémie, et celui de la construction de bâtiment n’en fait pas exception. Les modalités de travail ont par conséquent subi des modifications notables, au détriment des travailleurs, pour ne citer que celles portant sur les horaires de travail qui se trouvent ainsi réduits, compte tenu des consignes imposées par le confinement, sinon la réduction de personnel et de salaire, ainsi que la suppression d’emplois.
A l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale du Travail (OIT) a annoncé le chiffre de plus de 50 millions d’employés, en tous genres confondus, qui ont perdu leurs emplois depuis l’avènement du coronavirus. Un nombre qui ne cesse d’augmenter à mesure que le confinement continue. Rien qu’aux Etats Unis, les statistiques ont annoncé le nombre de 10 millions de travailleurs qui se sont retrouvés au chômage en deux semaines seulement. « Environ 2 milliards de travailleurs de l’économie informelle, touchés par les conséquences économiques du Covid-19, sont exposés aux risques de santé et de sécurité, en plus de la baisse de leurs activités économiques et de leurs gains, sans solution pour avoir un revenu de remplacement », a en outre fait savoir cette entité.

Une situation difficilement gérable
Parlant des conditions de travail durant cette période de confinement, Norbert Razafimanantsoa a confié que cet aléa planétaire d’ordre sanitaire a eu des répercussions négatives considérables sur son travail. Et de confier : « La fermeture des quincailleries constitue un véritable obstacle entravant notre travail. A cela s’ajoute le pouvoir d’achat réduit des clients qui nous a contraints à réviser nos devis à la baisse, pour pouvoir les adapter à leurs budgets, car à cause du phénomène « coronavirus », et de confinement, les clients font davantage preuve de lésinerie. Dans ce sens, nous tâchons de garder des tarifs les plus abordables possibles, tout en évitant cependant de travailler à perte ». Et d’ajouter : « Heureusement que nous avons adopté le mode de paiement des salaires de nos employés, par rapport aux marchés que nous obtenons. Pour ce faire, nous prélevons un pourcentage sur le bénéfice tiré de chacun des ouvrages fabriqués pour payer leurs dus ».
Par ailleurs, il a surtout évoqué un phénomène des plus pernicieux, aggravant la situation : les frais de consommation en électricité de la Jirama. « Je trouve anormal que vu la quantité réduite du travail que nous effectuons, nous consommons logiquement moins d’énergie électrique. Or, il est de fait que les factures de la Jirama affichent les mêmes coûts que ceux d’avant l’arrivée du coronavirus », a-t-il souligné, tout en mentionnant l’existence de plus d’une facture livrée par cette compagnie dans le même mois.
Pour ce qui est de son gain dans son travail, Norbert Razafimanantsoa a fait savoir que les tarifs varient selon la forme et le modèle de l’ouvrage à réaliser. Et de préciser : « Nous gagnons un bénéfice de 5000 à 6000 ariary par grille de protection. Pour les portes, ça s’échelonne de 15.000 à 20.000 ariary par pièce. En vérité, le prix dépend du style de l’ouvrage et de la quantité de métaux à utiliser, à savoir tubes carrés, tubes ronds et plaques de tôle. Concernant ces dernières, il a cité quelques prix. « Les tôles s’évaluent pour une dimension de 1m x 2m. Celle de 10/10² c’est-à-dire d’un millimètre d’épaisseur est actuellement à 60.000 ariary, celle de 12/10e (1,2mm d’épaisseur) à 75.000 ariary, et celle de 15/10e, de 1,5mm d’épaisseur, à 95.000 ariary ».

Un chevronné de l’ouvrage métallique
Norbert Razafimanantsoa pratique le métier de fabricant d’ouvrage métallique depuis sept ans en tant que propriétaire de ses ateliers. Avant cela, il a travaillé pour le compte de son oncle, dans l’atelier de ce dernier, situé à l’entrée de l’impasse menant vers le bord du lac Anosy, en direction d’Antsahamanitra. Mais aujourd’hui, son oncle ayant migré vers Andavamamba, Norbert s’en est approprié. A ce premier atelier, il a ajouté un second, en tant qu’annexe, dans la cité d’Ambodin’Isotry, où est effectué
le surplus de travail de celui d’Anosy.
« Nous réalisons tout ce qui est ouvrage métallique, à savoir portes, fenêtres, grilles de protection, chaises, supports des étals de marchands, cadres de panneau publicitaire, lits…Outre ceux-là, nous faisons également les réparations des pièces de voiture qui nécessitent des soudures. Mais la plupart de nos travaux concernent les ouvrages métalliques destinés au bâtiment », a fait savoir Norbert Razafimanantsoa. « Le plus grand ouvrage que nous avons réalisé était la charpente métallique de la toiture d’une église à Ambovombe Androy. Il nous a fallu pour ce faire mobiliser les grands moyens. Les pièces constituantes de l’ouvrage ont été fabriquées et soudées à Antananarivo, puis transportées par camion vers les lieux pour être assemblées par un système de boulonnage », a-t-il ajouté.
Du fer à l’alu
Comme perspectives, Norbert Razafimanantsoa a annoncé son projet d’évoluer dans le domaine des ouvrages en aluminium, tout en gardant ses clients qui viennent pour la ferronnerie classique. D’après ses dires, aujourd’hui les ouvrages en aluminium sont de plus en plus prisés. « Il faut se conformer aux évolutions technologiques. Les ouvrages en alu rapportent plus que ceux en fer. Il est vrai que les outils servant à les travailler sont différents, mais ça rapporte bien plus », a-t-il mentionné.
Sur le mode de gestion de son personnel, il a mis le point sur la souplesse et la compréhension vis-à-vis de ce premier. « On ne peut pas leur imposer une discipline trop rigide, au risque de les frustrer et de les démotiver dans l’exécution de leur travail. Néanmoins, lors de l’entretien d’embauche, nous éliminons déjà les prétendants buveurs. Mais nous ne leur imposons pas la ponctualité, puisque certains habitent loin du lieu de travail, et vu la conjoncture actuelle, ceux-ci sont parfois en retard. Cependant, nos employés savent tous que je suis intransigeant en termes de qualités de travail. J’ai l’habitude de rappeler à mes ouvriers que quand ils effectuent leur travail, ils doivent les faire comme si c’étaient les leurs. Ainsi, ils feront en sorte de prendre soin des outils, et de ne pas les abimer ». Et de conclure : « Le secret de la réussite professionnelle est tributaire du respect du travail dans tous les sens ».
Rivo Steph