Hommage à un grand bâtisseur
Urbain Désiré Robison – un nom qui ne vous dit peut être pas grand chose – fait pourtant partie des figures de proue dans le domaine de l’architecture à Madagascar. Ce grand architecte mérite bien un hommage digne de cette grosse pointure de la construction. De son vivant – car il a quitté ce monde en janvier 2020 – cet architecte hors-pair, d’une efficacité et d’une capacité particulières, a oeuvré dans la discrétion. Une des vertus dont il a fait avec sa conjointe, Lalao Raketamanga, ancienne ministre du Commerce, une règle de vie. « Urbain n’a aucune de ces distinctions nationales habituelles. Nos avons laissé à l’Etat le soin de reconnaître son mérite pour tous les bons et loyaux services qu’il rendus à la nation », a confié son épouse qui a ajouté que les distinctions de son conjoint se résument en médailles du travail que l’entreprise Dikina lui a remises. Docteur en architecture, diplômé de l’Université des études de Florence, Italie (1980), ancien responsable du département Bâtiments et fondé de pouvoir au sein de l’entreprise Dinika International S.A, membre de l’Ordre des architectes et membre de l’International council of museum , Icom et Icom Mag, Urbain Désiré Robison a marqué de son empreinte le monde de l’architecture à Madagascar. Son style de prédilection, il l’a particulièrement exprimé par les ronds et les sphériques, ainsi que celui dit ouvert dont particulièrement celui des escaliers.

Architecte chevronné et émérite
Ses maintes interventions dans l’étude et le suivi de différentes constructions à travers le pays fait de cet homme un des éminents architectes à Madagascar. Parmi les plus importantes : la réhabilitation et de construction de divers établissements scolaires et de formation technique à Antananarivo et dans plusieurs autres provinces du pays, la réhabilitation et la remise à niveau de 136 formations sanitaires – CSB et CHD – réparties dans les six provinces, la construction, le réhabilitation et l’extension d’infrastructures sportifs dont piscines et gymnases couverts, la réhabilitation et l’extension de l’Aéroport international d’Ivato, en collaboration avec l’Aéroport de Paris, le projet de construction de la maison de la Radio télévision malagasy (RTM), ainsi que la reconstruction du palais d’Andafiavaratra, un des patrimoines culturels majeurs de Madagascar. A ceux-là s’ajoutent la réhabilitation et la construction de bâtiments administratifs publics et privés au niveau de plusieurs régions de Madagascar, ainsi que l’aménagement intérieur de plusieurs agences bancaires à Antananarivo et en province.
Par ailleurs, Urbain désiré Robison est président du groupe Cabinet Raketamanga, président d’honneur de l’association civile et de développement Fahatra, Fizakamanana Ara-tsaina, Harena, Tontolo iainana, Rakitra ou Propriété intellectuelle, patrimoine environnement et structure, gérant du cabinet Raketamanga, spécialisé
en propriété intellectuelle, professeur titulaire et président du comité pédagogique, technique et scientifique, au sein de l’Institut de formation professionnelle (IFP) Raketamanga, un établissement agréé par l’Etat, disposant de deux filières, « muséologie » et « propriété intellectuelle ». « La première université à Madagascar qui propose ces deux filières », a expliqué Lalao Raketamanga. En sus, Urbain Robison est membre du Fivondronan’ny mpandraharaha malagasy, (Fivmpama), une association des opérateurs économiques malagasy, ainsi que du Chambre de commerce de l’industrie France-Madagascar (CCIFM), et également membre du CanCham, chambre de commerce et de coopération Madagascar-Canada.

La propriété industrielle comme violon d’Ingres
En plus de ses acquis en architecture, Urbain Robison avait également approfondi ses connaissances en matière de propriété industrielle. Dans ce sens, en tant que gérant, premier responsable administratif et financier du cabinet Raketamanga – spécialisé en conseil et propriété industrielle – il a assisté les clients pour entreprendre les démarches administratives inhérentes à ce domaine, à savoir : l’acquisition des titres de « propriété industrielle » (brevet, dessin et modèle industriel, marque, nom commercial), du dépôt de la demande d’enregistrement à la publication dans la Gazette officielle de la propriété industrielle (Gopi), la recherche d’antériorité et recommandations aux clients, l’inscription d’actes de transfert, de changement de nom ou d’adresse, le renouvellement d’enregistrement, ainsi que la rédaction de brevet. En outre, polyglotte, avec ses excellentes connaissances de langues étrangères, à savoir le français, l’anglais et l’italien, Urbain Robison se chargeait de la rédaction du contrat de licence et de distribution, de la défense des droits et assistance à la résolution des litiges, du suivi et de l’entretien de la bonne relation avec la clientèle nationale et internationale, ainsi que de celle avec les confrères, conseils et mandataires étrangers. Dans la foulée de ses attributions au sein de l’IFP Raketamanga, il a assisté à de nombreux séminaires, ateliers et formations à Madagascar et sous d’autres cieux.

Dépité par la dénaturation culturelle
Côté jardin, Urbain Robison a une fille, Corinne Vololomanga Robison qui, à l’instar de ses parents, a orienté sa carrière vers la propriété industrielle, et est actuellement vice-présidente du Groupe cabinet Raketamanga. « Strict et rigoureux au travail, dans ses temps libres, Urbain Robison aime voyager, jouer aux dominos avec ses amis, regarder des films policiers, sinon cuisiner. Tout cela dans une ambiance joyeuse, faite de rigolades de bon vivant », se remémore Lalao Raketamanga qui a confié un secret de famille. « Le dernier de la liste, mais le premier de la classe », aimait-il à plaisanter, pour signifier que son nom lui a valu de se retrouver à l’ultime place sur la liste des élèves de sa classe, mais qu’il a toujours été le meilleur.
« Le 30 janvier 2000, j’ai survécu à un crash d’avion à Abidjan, Côte d’Ivoire. Notre avion a chuté dans la mer. J’ai pu survivre grâce à un sac, faisant partie des bagages des passagers, qui est tombée à l’eau. Je m’y suis accrochée pour m’en servir de bouée de sauvetage. Ce jour-là, j’ai vu la mort de très près. Et coïncidence ! Mon mari est lui-aussi mort un 30 janvier, vingt ans après mon accident, exactement à la même date et à la même heure, à 1h30 du matin, celle où j’aurais du mourir », a-t-elle raconté. Et de poursuivre son récit avec un soupir : « Nous aurions voulu vieillir ensemble, mais le sort en a décidé autrement ». En tant que spécialiste de la conservation des patrimoines culturels, Urbain Désiré Robison a manifestement exprimé son dépit, non seulement par rapport à la construction de ce coliseum dans l’enceinte du Rova d’Antananarivo, mais également à la destruction complète du stade de Mahamasina, a fait savoir sa femme. Et d’ajouter : « Il a eu les larmes aux yeux en voyant les engins démolir le stade », a-t-elle souligné. « Ils auraient pu laisser les anciennes infrastructures telles quelles et juste y ajouter d’autres éléments », aurait déploré Urbain Robison.
par Rivo Steph
Urbain Désiré ROBSON, on a été dans la même classe quelques années au Collège jésuite Saint Michel d’Amparibe Antananarivo. Et autant que je m’en souvienne, il a toujours été meilleur élève, très sérieux, et pourtant souriant et sociable, mais toujours très discret.
Madagascar perd un grand homme, en même temps technicien de très haut niveau et patriote au quotidien de par ses œuvres.
RIP, mon ami.
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